Je suis une fleur jaune et je pue jaune

avec Huguette et René Radrizzani, traducteurs de Jahnn
Marc François, metteur en scène 
Pierre Pfister, organiste et facteur d'orgues

Romancier à insuccès, auteur de théâtre rarement joué, musicien et facteur d'orgue, fondateur de la communauté d'Ugrino, Hans Henny Jahnn est un être déconcertant. Pourtant, lorsqu'on se plonge dans ses œuvres, il devient un compagnon cruel, excessivement humain, d'une humanité totalement matérialiste qui inclut tous les règnes de la nature. Lire ses livres en devient une expérience autant physique que poétique.On ne peut pas résumer l'œuvre de Jahnn. On peut parler de son obsession du double, du frère, du compagnon, avec la référence omniprésente à Gilgamesh et Enkidu, d'amour fou, de meurtre, de putréfaction, de chevaux et de chiens aimés, de l'orgue comme vision du monde, de mystique charnelle, de solitude terrible, de mémoire visionnaire. Tout y est foisonnant et architecturé. Bruyant et musical.
J'ai au fond de mon âme un monde; mais c'est comme s'il était en ruines et démoli, parce qu'il est tombé de haut.     
Hans Henny JahnnHans Henry Jahn naît en 1884 à Hambourg. Il transformera plus tard, pour y inscrire sa bisexualité, le nom de Henry en Henny, et rajoutera un n à son nom de famille, se disant le descendant de Jann de Rostock, bâtisseur de cathédrales et hérétique.C'est à 14 ans qu'il rencontre Gottlieb Friedrich Harms. Avec Harms il fuit l'Allemagne pendant la Première guerre et s'installe en Norvège. Il y écrit des pièces de théâtre, fait des projets de facture d'orgue et des projets architecturaux pour la fondation d'Ugrino, communauté utopiste et mystique.Après guerre, retour difficile en Allemagne. En 1920, création officielle de la communauté Ugrino. Jahnn fait des projets monumentaux pour Ugrino, écrit des articles novateurs sur la facture d'orgue, restaure avec Harms l'orgue de l'église Saint Jacques à Hambourg. En 1923, Brecht met en scène Pasteur Ephraïm Magnus.La communauté Ugrino s'effondre. A partir de 1925, il se consacre principalement à l'écriture (Perrudja, Fleuve sans rives) et à l'orgue. De 1934 jusqu'à 1946 Jahnn vit au Danemark, plus ou moins mal pendant l'invasion nazie. De retour à Hambourg en 1950, il y fonde L'Académie Libre des Arts et publie le deuxième volume de Fleuve sans rives.En 1957, il publie Thèses contre l'armement nucléaire. On le verra parler à la foule lors de la grande manifestation antinucléaire en 1958 à Hambourg, et il essayera de rallier de nombreux intellectuels à sa cause.Il meurt d'un infarctus en 1959.